MERGUEB-BLOG

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9. Terre.

 IX.

 

 

Ô notre terre, ô notre terre, ô trois fois notre terre... Rien n'y fait, nous avons le besoin ventral de la terre comme le nourrisson du lait de la femme bénie de légende, puisée la source du sein épuisé, la chevelure docile doucement, face au réchaud accroupi. Nous avons besoin des tapis de paysages verts dominants ; ou secs, calcinés comme la chair froissée en chique et chargée des frissons de la rage piétinée voilà déjà des siècles, des gourbis et des pierres sommaires – La candeur du luxe enfoncée. Rien n'est plus radieux et beau ici-bas que sa boue enfanteresse plantée au sol. L'étendue des humanités se renferment et se bêchent en les boyaux de ces lieux, en les puantes bottes à bêtes, les amas et les poussières ardentes de ce bon pays. Les oliviers de la Délivrance, les figuiers des plats, toutes ces créations confondues remparts et gueules du cœur, ce cœur craintivement hospitalier aux inconnus honnêtes.

 

Encore, que d'abondance, que d'opulence en ces parts des mondes presque vaincus, de cette nature effacée, et soumise volontiers à l'idéal des premiers Dieux. Que de civilisation haute de pitié. Ce parage, vous l'apprendrez, humecte les bouches assoiffées ; il donne à avaler aux narines ouvertes qui savent rêver : délices des vents, artères de fleurs et foin de tous les jardins moins vifs en contrebas, le miel remporté à la tendresse de notre Mère humaine à tous, les raisins généreux pleins de possibilités délirantes...

 

Même qu'aussi, les jarres potelées se briseront à temps sous les filets de cravaches funestes, entendues de partout, venues de très loin. Les barbares de Barbarie battront d'innombrables trémolos de pieds voyants et insensés. C'est alors que s'attristeront -car foulées en cadence – toutes les beautés de la petites grandeurs dont on a tant dit et tant pleuré. Nous pouvons, pour elle, voir advenir les sorts noirs et vifs : les enfances nues couleront, c'est infect, leurs petits corps cotonneux dans des mares rouges et cruelles, des mares cannibales; les couinements d'un exode filé sans foi et sans fin. L'épouvante, autre chose, se laissera déterrer des sous-sols grillés du diable impérial, et tel un incendie contagieux, avoir raison des chemins et des routes jadis dédiés à l'amour servant des hommes.

 

Péril sybarite au chalumeau ! Impassible traitement pour ce couffin étrange au monde, pour quelque exécution rayonnante d'un serment sidéral.

 

 

 

Auteur: LAIB AZEDINE. Copyright, 2013.



22/06/2013
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