MERGUEB-BLOG

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7. L'heure venue.

 

VII

 

 

 

    L'heure venue, il est ce petit pays à l'abandon qui frémira de fièvre sanglante et brute, ce trésor enfoui en suspension arrogante d'herbes et de terre, et qui a la prétention ouverte du ciel sans voix et des environs lâches, qui ne poursuit rien que les élévations faramineuses des temples de la Création merveilleuse en temps normal, qui remuera ici de malheur et de fracas absolument perdus. Il est ce tronc de la mémoire recelant le balancier essentiel de la matière et du temps, qui verra les danses macabres s'inviter aux pas, et s'épuiser les sueurs affolées dans les charniers des nababs très secs. Lui assistera à l'absorption toxique des feux, à l'avalanche étrange des totems profanes. Lui assistera aux percées de la ruine promise. Il se tiendra dans son éminence sage et soignée aux premières loges de la concorde défunte: pour toujours, les pactes de l'oeil et du verbe oral seront morts.

 

 

    Les âmes pleureront. On y verra une transhumance chagrine de toutes les couleurs marcher, pleine de misère, vers les sorts magnétiques d'un fait grave de déluge que nul n'aura jamais pu éprouver. Puis, les formules séculaires s'essayeront les messes, les marmonnages indistincts se percevront dans toute leur pitié, les formes  oratoires de secrets se videront les peurs, les sataneries extrêmes ou les magies effrayantes dans la fin de sauver les vapeurs de son importance. Pour vrai, tout un enfer de foudres noires se contemplera. L'Humilité même deviendra méconnaissable. Des chaînes et des chars de honte bleue vacarmeront de toutes sortes de bruits qui mènent les poids plissants des suppliciés aux confins des fins.

 

    Couleront les larmes chaudes des bêtes. Crouleront les mausolées et les prêtresses dans l'amas du chaudron lourd et froid de la Renaissance malade. Ce pays crèvera dans l'axe de la prunelle fixe qui s'éteint. Ce pays jadis merveilleux. Ce pays tant aimé de nos cellules. Ce pays d'art et d'aïeux. Le désastre funeste. Encore, un grand jubilé sourd rendra l'air paré des puanteurs somatiques les plus dégoûtantes, les fèces florescentes des cadavres remontés de nos fosses vénérées. Au terme de ne plus regarder la majesté de la butte verte pendue, l'ambiance pleine, dans l'enceinte fumée des broussailles décentes, du pays de la feuille ferme et de la pousse blanche.

 

 

Auteur: LAIB AZEDINE. Copyright. 2013.



13/04/2013
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