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6. Mais les mois indignes...

VI

 

Mais les mois indignes noirciront la vallée paresseuse d'humilité et de lumière.

 

 

Mais les jours graveleux rouleront les tambours sourds de nos larmes de guerre.

 

 

 

Les pluies troubles se déchaîneront péniblement sur ce village, pourtant. Ô pourtant, pauvre royaume inoffensif de nos chairs. Olympe quiet de nos coeurs et de nos yeux que l'on chérissait. Inestimable place veineuse de nos organes, où les herbes et les fleurs arrosent le pays silencieux des frénésies folles de la terre. Ô théâtre, pâturage gisant de nos passions essentielles, enfoncées dans le pesant le plus gratuit de nos entrailles maigres ou diabétiques.

 

Les commencements sont là: les vents vénimeux de velours disent discrètement les mots du maléfice fascinant à venir, à petit harmonie, à petite cadence. Que n'avons-nous peur ! Tout l'héritage de nos boues de prières et de nos poussières de sueurs à retourner; tout l'héritage de nos prairies d'ossements couchés en paix à déloger de nos boyaux telluriques. Inénarrable châtiment pour un si champêtre village sur son trône de pierres brutes et de senteurs sans fard. Injuste punition pour les miséreux heureux des gourbis et des excavations sales de la glèbe. Injuste supplice pour les Anges de la courbure et du croupissement.

 

A petites doses, les larmières en silence s'emplissent les fruits légers par les canaux noyés de sang. En attendant la fulmination désorbitée de malheur. La tempêtueuse sentence qui descendra des feux du firmament stupéfiant. Ô notre pauvre retraite dormante ! Notre havre de fuite quand nous sommes lâches. Cela nous fauchera atrocement l'âme de te voir atteindre par quelque flamme des Enfers qui soit. Pas Toi, ô non, par tous les Dieux, pas Toi, paradis perdu, capitale profonde de la splendeur du foin sec et de l'âne désolé.

 

Auteur: LAIB AZEDINE. Copyright. 2013.

 



26/02/2013
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