MERGUEB-BLOG

MERGUEB-BLOG

5. Certes, ce pays...

 

V

 

 

Certes, ce pays est le palais rassurant de l'héroïque loyauté. Tout lui est fidèle, tout lui est propre et si simple à faire et à forger. Les hommes ont ici le primat du cœur décent sur la main, et leur opulence est toute ramenée aux pensées qu'ils savent tendre bonnement, et aux sourires ivres qu'ils disent pour tout, sans fin, pour rien, franchement. Ceux-là ne rusent guère ; ils n'égarent pas plus, ni ne se laissent confondre la foi. Ils ne s'en content pas d'illusions à quelque chère la Reine, ou à recommandable Roi. Ceux-là sont les vrais hommes de la terre sèche et du soleil éternels, mufles de la petite multitude pauvre, gars sobres et vigoureux, prolongements des pôles du grand céleste, et vers le minimum merveilleux. Quelquefois jamais assouvis, quelquefois affamés dans les yeux...

 

De là, ils sont la chaude fierté filable du suffisant genre humain. Bravement dignes et superbement livrés au temps attardé et à la douce nature appliquée. Enchaînés au devoir et à l'amitié, au sang intense et à la chair brûlée. Cent fois, cette sphère sans faste est leur arène et leur armure aimée. Cent fois, elle est leur panse maternelle, leur souche d'amour et d'instincts qu'ils n'oublierons jamais. Source du lait immortel jusque pour le veuf et l'orphelin. Royaume d'énergie. Royaume des chaleurs d'où se propagent les essaims.

 

Dans cette médiocre étendue, les familles sont les longueurs de mille méandres uniques qui reviennent toujours à leur premier foyer d'eau. Tout se dépend et se joint, même les départs, même les éclats, même les talents les plus beaux. Les liens du sang valent les tombeaux des morts. Et s'ignore ici la gloire modique des va-nu-pieds tragiques bandant d'eux, foulant trop vite leurs pas, foulant trop vite les marmores. S'ignore ici l'art profond des las, résidus des suceurs cruels de quiétude et de paix, qui n'empêchent les vallons, ou les gorges, ou les pores et l'été. S'ignore ceux qui ne sont que les mercenaires millénaires connus de passage, ou pour une besogne d'esclave, ou pour le sale tribut d'un bourriquet brave. Suffit, ce terroir est, à tout prendre, le bled fabuleux, élément d'une chaîne d'amour et morceaux , que dire, incrustés de jeunes et d'aïeux.

 

Auteur: LAIB AZEDINE. Copyright.



06/12/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour